Après les courses, une vie de luxe pour les voiliers
Transformer des bateaux de course en prestigieux lofts de croisière. Telle est la vocation de l’entreprise Dream Racer Boats créée par Thibaud Ramond, en janvier, dans le Finistère.
Jusqu’à présent, la meilleure place pour se reposer dans un Figaro Bénéteau 2, selon Nicolas Troussel, troisième de la dernière transat AG2R sur Breizh Cola, avec Gildas Mahé, c’était « à l’avant, couché sur l’une des voiles ». Une option qu’il qualifie même de « grand luxe ». Avant d’ajouter : « Mais seulement quand il n’y a pas trop d’air… ».
Autant dire que pour la plaisance, les Figaro pouvaient repasser. Thibaud Ramond, lui, a voulu les repenser. Ce jeune ingénieur de Trégunc (Finistère) s’est lancé, depuis janvier, dans l’aménagement haut de gamme de voiliers de course au large qui étaient, jusqu’ici, skippés exclusivement par la crème des navigateurs, de transats en tours du monde en solo, toujours dans des conditions spartiates.
Cap sur le Crouesty
« L’objectif, c’est de tout enlever : accastillage, mât, tout… Je garde juste la coque et je remplace le reste par du très haut de gamme. Sur le Figaro n°10, je vais aussi mettre un enrouleur de voile, une delphinière (pour remonter l’ancre) et des mains courantes, pour la sécurité. »
Le Figaro n°10 est un Figaro Bénéteau première génération qui a participé à la première Transat AG2R en 1990. Ce sera son bateau « vitrine », racheté à un Belge qui, dit-il, en était très content, « mais pas sa femme et ses enfants ! » Toujours ce manque de confort…
En ce moment, il met tout en œuvre pour qu’il soit prêt pour le Mille Sabords du Crouesty, un des principaux salons nautiques français du bateau d’occasion, du 1er au 4 novembre. « J’aimerais même le finir en juin ! » lance bravement l’ingénieur de 27 ans qui y consacre actuellement tout son temps et à qui il faut bien reconnaître le sens du timing.
Car c’est précisément en ce moment que sont en train de se retrouver sur le marché les prestigieux Figaro Bénéteau 2, remplacés dans les courses par la 3e version, équipée de foils. « Tous ces bateaux ont un palmarès, une histoire, un lien avec des skippers de renom », détaille Thibaud Ramond.
Mais on sent que pour lui, il serait dommage de sacrifier les performances, et donc le prestige de ces bateaux, sur l’autel du luxe. « J’ai cinq ou six propositions d’aménagement intérieur en 3D à montrer, qui seront bien sûr adaptables en fonction des désirs des clients, mais pas question d’y mettre une table en marbre ! » rit-il.
Pas de table en marbre, mais un coin cuisine qui changera quand même du réchaud et de la casserole cabossée, avec cuisinière multifeux et frigos inclus. Et en prime, toilettes électriques, installation audio dernier cri et tissus de première qualité et remplacement du mât traversant par un mât posé, pour éviter les problèmes d’humidité.
Un an en Australie
Thibaud, qui a suivi des études d’ingénieur en matériaux, spécialité aéronautisme, à Bordeaux, semble avoir pensé à tout. Lui qui fabriquait déjà ses planches de surf à la fin de ses études reconnaît qu’il a fléché son parcours professionnel en vue de préparer son projet.
Après avoir travaillé un an en Australie pour fabriquer les trente-deux pirogues polynésiennes du championnat du monde de la discipline, et se familiariser avec le carbone, il s’est ensuite tourné vers la Nouvelle-Zélande pour travailler l’aménagement composite sur des yachts en alu destinés à la pêche de luxe.
Capable de prendre lui-même en charge toute la partie aménagement d’intérieur à partir d’un chantier qu’il a souhaité mobile (dans des conteneurs transportables), il endossera le rôle de maître d’œuvre pour tout le reste. Un concept qu’il se verrait bien appliquer aussi à des Class40 ou des IMOCA 60 : dans le luxe, il y a toujours moyen de voir plus grand.
Audric Guerrazzi